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Voyage d'un Habitant de la Lune à Paris à la Fin du XVIIIe Siècle?by Pierre Gallet
The Project Gutenberg EBook of Voyage d'un Habitant de la Lune à Paris à la Fin du XVIIIe Siècle
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Title: Voyage d'un Habitant de la Lune à Paris à la Fin du XVIIIe Siècle
Author: Pierre Gallet
Release Date: July, 2005 [EBook #8520] [This file was first posted on July 19, 2003]
Edition: 10
Language: French
Character set encoding: ISO Latin-1
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Carlo Traverso, Anne Dreze, Marc D'Hooghe and the Online Distributed Proofreading Team
VOYAGE D'UN HABITANT DE LA LUNE A PARIS A LA FIN DU XVIIIe. SIèCLE
PAR P. GALLET
AU LECTEUR.
Lecteur, d'autres s'abaissent devant vous et croyent acheter par la bassesse votre suffrage: moi, qui vous juge mieux, je pense que vous aimez à voir l'écrivain à la hauteur de son état. Ce desir noble doit être le v?tre: on aime la modestie; mais la noble hardiesse de la vérité ne dépla?t point. En outre, l'écrivain a pour lui les principes qui lui servent d'abri, même contre vos caprices, qui vous portent quelquefois à blamer dans l'un ce que vous applaudissez dans l'autre, et à vouloir la vraisemblance et l'invraisemblance à la fois; Je vais vous armer, en ma faveur, contre vous-même, et prendre votre opinion pour égide. Sans doute, si vous ressemblez à un juge qui s'est trompé ou laissé séduire, vous deviendrez, comme lui, moins sévère: la honte de se démentir retient; l'effet de la séduction amollit les ames, et tend à les rendre mobiles.... Je vais, en exposant mon sujet, et discutant un seul principe, vous opposer les exemples de votre indulgence.
Mon lunian fait un tableau satirique de Paris. Le mot de satire ne doit pas vous effaroucher; elle tient plus directement à la morale qu'on ne croit. Sans elle, lecteur, vous ne verriez point la comédie, qui est une satire des moeurs comme la mienne l'est: vous ne liriez aucun roman moral, ni les po?mes héro?ques et même sacrés. Elle se trouve dans tous: les attaques au vice, à la tyrannie, etc. sont autant de satires. Il est vrai que ce n'est point la satire comme on l'a long-tems envisagée, celle qui tient à la personalité, qui se permet de juger la moralité des individus; ce qui est un attentat contre la société: mais celle qui a pour but de montrer aux hommes le tableau de leurs vices ou de leurs ridicules, et de les ramener vers la nature et le bon sens. Pour la justifier, je n'aurais qu'à vous retracer que Socrate, ce sévère Socrate, qui fut l'ornement de la nature et le vrai modèle social, prit souvent en main l'arme de la satire lorsqu'il fallut frapper le vice. Qu'importe l'arme qu'on employe lorsqu'on sert la société?.... L'écrivain ne peut s'égarer en suivant un tel modèle. Lorsqu'il s'est circonscrit dans le cercle général, il a justifié son motif et sa moralité.
Venons à mon sujet. Je fais descendre un homme de la Lune, et je lui donne pour monture des éléphans a?lés. Cela est fort, direz-vous? Sans m'arrêter à la possibilité du principe naturel, dont mon voyageur vous parlera, lecteur, je me porterai sur les tableaux de votre indulgence; et je prendrai les exemples où vous la portates à l'excès, envers les genres, même, qui ne semblaient pas la mériter. Rappelez-vous que vous passates à Milton, qui, plus pris de l'art, devait le respecter davantage; car on n'insulte pas Dieu au sein du sanctuaire; d'avoir présenté des substances immatérielles pourfendues, le néant doué d'un corps; d'avoir mis des canons dans le ciel; d'avoir jeté un pont dans l'ab?me du vide, etc. Vous perm?tes à l'Arioste de se servir de l'hyppogriffe, qui, n'en déplaise à l'auteur de Roland, ne vaut pas mes éléphans; parce qu'il n'a pas un caractère distinct, et qu'il ne l'a pas pris dans la Lune. ?C'est le cheval d'un enchanteur! s'écriera-t-on peut-être: les enchanteurs ont droit
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